Featuring
Joachim du Bellay
Les Antiquitez de Rome
Les Antiquitez de Rome is a collection of sonnets written by Joachim Du Bellay while he lived in Rome serving his uncle, the Cardinal Jean du Bellay. It was published in 1558. Du Bellay initially hoped to make a brilliant political and court career in Rome, but he became disillusioned and bitter about having to leave France and work for his uncle in Vatican City. It pulled him away from opportunities he may have had to make a brilliant career in Paris, especially when he compared his own career with the rise to prominence of his friends who remained in France, including Pierre de Ronsard. While in Rome, Du Bellay hated Roman court politics and life in Rome in general. He wrote a series of poems, satirical commentaries criticizing anything and everything about Rome and the Roman Catholic Church. Thus, Les Antiquitez de Rome was born. Later, a part of Les Antiquitez was translated into Dutch and English, and became quite popular with Protestants.
Architectural references in Les Antiquitez de Rome fall into three categories: ancient civilizations in general, Rome and her ruins in particular, and contemporary architecture of Rome.
Antiquity in General
In these poems, du Bellay cites or describes prominent ancient civilizations (Babylon, Crete, Egypt), famous architectural monuments, their materials, and their current state. He does this to draw attention to the grandeur they once possessed, in juxtaposition to the ruins they were in his time or to the lack of evidence of their existence. Du Bellay mourns the Ancient cultures that the Renaissance idolized and uses them as a warning about the inevitable fall of all great empires. In so doing, he makes a different use of the contemporary obsession with Antiquity, compared to a typical traveller to Italy at the time, who expected to be awed and inspired. He also emphasizes that this fate awaits all great civilizations: they are, in the end, nothing but ruins and dust. A core group of poems on that theme was translated by du Bellay from the famous neo-Latin poetic collection by Janus Vitalis, which like du Bellay’s Antiquitez combines the vanitas theme (ancient civilization, now in ruins) with the critique of Roman politics.
II.
Le Babylonien ses haults murs vantera
Et ses vergers en l’air, de son Ephesienne
La Grèce descrira la fabrique ancienne,
Et le peuple du Nil ses pointes chantera.
La mesme Grece encor vanteuse publira
De son grand Juppiter l’image Olympienne
Le Mausole sera la gloire Carienne,
Et son vieux Labyrinth’ la Crete n’oublira.
L’antique Rhodien elevera la gloire
De son fameux Colosse, au temple de Mémoire,
Et si quelque œuvre encor digne se peult vanter
De marcher en ce ranc, quelque plus grand’façonde
Le dira. Quant à moy, pour tous je veulx chanter
Les sept costaux romains, sept miracles du monde.
VII.
Sacrez costaux, & vous sainctes ruines,
Qui le seul nom de Rome retenez,
Vieux monuments, qui encor soutenez
L’honneur poudreux de tant d’ames divines,
Arcz triomphaux, pointes du ciel voisines,
Qui de vous voir le ciel mesme estonnez,
Las, peu à peu cendre vous devenez,
Fable du peuple & publiques rapines !
Et bien qu’au temps pour un temps facent guerre
Les bastimens, si est-ce que le temps
Œuvres & noms finalement atterre.
Tristes désirs, vivez donques contents,
Car si le temps finist chose si dure,
Il finira la peine que j’endure.
XVIII.
Ces grands monceaux pierreux, ces vieux murs que tu vois,
Furent premièrement le cloz d’un lieu champestre,
Et ces braves palais, droit le temps s’est fait maistre,
Cassines de pasteurs ont esté quelquefois.
Lors prindrent les bergers les ornemens des roys,
Et le dur laboureur de fer arma sa dextre,
Puis l’annuel pouvoir le plus grand se vid estre,
Et fut encor plus grand la pouvoir de six mois,
Qui, fait perpétuel, creut en telle puissance,
Que l’aigle Imperial de luy print sa naissance,
Mais le Ciel s’opposant à tel accroissement,
Mist ce pouvoir es mains du successeur de Pierre,
Qui sous nom de pasteur, fatal à ceste terre,
Monstre que tout retourne à son commencement.
XXV.
Que n’ay-je encor la harpe thracienne,
Pour réveiller de l’enfer paresseux
Ces vieux Césars, & les umbres de ceux
Qui ont basty ceste ville ancienne ?
Ou que je n’ay celle amphionienne,
Pour animer d’un accord plus heureux
De ces vieux murs les ossemens pierreux,
Et restaurer la gloire ausonienne ?
Peussc-je aumoins d un pinceau plus agile,
Sur le patron de quelque grand Virgile.
De ces palais les portraits façonner,
J‘entreprendrais, veu l’ardeur qui m’allume,
De rebastir au compas de la plume
Ce que les mains ne peuvent maçonner.
XXIX.
Tout ce qu’Egypte en poincte façonna,
Tout ce que Grace a la corinthienne,
A l’ionique, attique ou dorienne,
Pour l’ornement des temples maçonna,
Tout ce que l’art de Lysippe donna,
La main d’Apelle ou la main Phidienne,
Souloit orner ceste ville ancienne,
Dont la grandeur le ciel mesme estonna.
Tout ce qu’Athene eut onques de sagesse,
Tout ce qu’Asie eut onques de richesse,
Tout ce qu’Afrique eut onques de nouveau
S’est veu icy. O merveille profonde !
Rome vivant fut l’ornement du monde,
Et morte elle est du inonde le tumbeau.
Song II.
Sur la croppe d’un mont, je vis une fabrique
De cent brasses de hault. Cent columncs d’un rond
Toutes de diamant, ornoient le brave front
Et la façon de l’œuvre estoit à la dorique
La muraille n’estoit de marbre ny de brique,
Mais d’un luisant crystal, qui du sommet au fond
Elançoit mille raiz de son ventre profond
Sur cent degrez dorez du plus fin or d’Afrique.
D’or estoit le lambriz, & le sommet encor
Reluisoit escaillé de grandes lames d’or,
Pavé fut de jaspe & d’esmeraulde fine.
0 vanité du monde ! un soudain tremblement
Faisant crouler du mont la plus basse racine,
Renversa ce beau lieu depuis le fondement.
Song IV.
Je vy hault eslevé sur columnes d’ivoire.
Dont les bases estoient du plus riche metal,
Chapiteaux d’albastre & frizes de crystal,
Le double front d’un arc dressé pour la mémoire.
A chaque face estoit protraicte une victoire,
Portant ailes au doz, avec habit nymphal,
Et hault assise y fut sur un char triomphal
Des empereurs romains la plus antique gloire.
L’ouvrage ne monstroit un artifice humain,
Mais sembloit estre fait de celle propre main
Qui forge en aguisant la paternelle foudre.
Las ! je ne veulx plus voir rien de beau sous les cieux,
Puis qu’un œuvre si beau j’ay veu devant mes yeux
D’une soudaine cheute estre reduict en poudre.
The Frivolity of Rome
Just as he explores the vanitas theme by describing the ruins of the great Roman civilization, Du Bellay maligns his contemporary Rome and her culture by describing her architecture. Ancient Rome serves as a reminder and a warning to contemporary Rome: its current splendor, too, is vain and shall fall into ruin. For du Bellay, the buildings that were left in Rome did not signify glory, but rather corruption and the inevitable ravages of time. Du Bellay wanted to use these references to emphasize how short-sighted it was to idolize a dead culture that fell due to its own arrogance. It was also a political and moral statement: be weary of extreme excess.
III.
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n’apperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcz que tu vois,
Et as vieux murs, c’est ce que Rome on nomme.
Voy quel orgueil, quelle ruine, & comme
Celle qui mist le monde sous ses loix,
Pour donter tout, se donta quelquefois,
Et devint proye au temps, qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme est par le temps destruit,
Et ce qui fuit, au temps fait resistance.
V.
Qui voudra voir tout ce qu’ont peu nature,
L’art & le ciel (Rome) te vienne voir,
J’entens s’il peult ta grandeur concevoir
Par ce qui n’est que ta morte peinture.
Rome n’est plus, & si l’architecture
Quelque umbre encor de Rome fait revoir,
C’est comme un corps par magique scavoir
Tiré de nuict hors de sa sepulture.
Le corps de Rome en cendre est devallé,
Et son esprit rejoindre s’est allé
Au grand esprit de ceste masse ronde.
Mais ses escripts, qui son loz le plus beau
Malgré le temps arrachent du tumbeau,
Font son idole errer parmy le monde.
VI.
Telle que dans son char la Berecynthicnne
Couronnée de tours, & joyeuse d’avoir
Enfanté tant de dieux, telle se faisoit voit
En ses jours plus heureux ceste ville ancienne,
Ceste ville, qui fut plus que la Phrygienne
Foisonnante en enfans, & de qui le pouvoir
Fut le pouvoir du monde, & ne se peult revoir
Pareille à sa grandeur, grandeur sinon la sienne.
Rome seule pouvoir à Rome ressembler,
Rome seule pouvoit Rome faire trembler,
Aussi n’avoit permis l’ordonnance fatale
Qu’autre pouvoir humain, tant fust audacieux,
Se vantast d’égaler celle qui fit égale
Sa puissance à la terre & son courage aux cieux.
IX.
Astres cruelz, & vous dieux inhumains,
Ciel envieux, & marastre Nature,
Soit que par ordre ou soit qu’à l’aventure
Voyse le cours des affaires humains,
Pourquoy jadis ont travaillé voz mains
A façonner ce monde qui tant dure ?
Ou que ne fut de matière aussi dure
Le brave front de ces palais romains ?
Je ne dy plus la sentence commune,
Que toute chose au dessous de la lune
Est corrompable & sugette à mourir,
Mais bien je dy & (n’en veuille desplaire
A qui s’efforce enseigner le contraire)
Que ce grand Tout doit quelquefois périr.
XIX.
Tout le parfait dont le ciel nous honnore,
Tout l’imparfait qui naist dessous les cieux,
Tout ce qui paist noz esprits & noz yeux,
Et tout cela qui noz plaisirs devore,
Tout le malheur qui nostre aage dedore,
Tout le bonheur des siècles les plus vieux,
Rome du temps de ses premiers ayeux
Le tenoit clos, ainsi qu’une Pandore.
Mais le Destin débrouillant ce Chaos,
Où tout le bien & le mal fut enclos,
A fait depuis que les vertus divines
Volant au ciel ont laissé les pechez,
Qui jusq’icy se sont tenus cachez
Sous les monceaux de ces vieilles ruines.
XXVII.
Toy qui de Rome émerveillé contemples
L’antique orgueil, qui menassoit les cieux,
Ces vieux palais, ces monts audacieux,
Ces murs, ces arcz, ces thermes & ces temples,
Juge, en voyant ces ruines si amples,
Ce qu’a rongé le temps injurieux,
Puis qu’aux ouvriers les plus industrieux
Vieux fragmens encor servent d’exemples.
Regarde après, comme de jour en jour
Rome fouillant son antique séjour,
Se rebatist de tant d’œuvres divines.
Tu jugeras que le dæmon romain
S’efforce encor d’une fatale main
Ressusciter ces poudreuses ruines.
XXXII.
Espérez vous que la postérité
Doive (mes vers) pour tout jamais vous lire ?
Espérez vous que l’œuvre d’une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?
Si sous le ciel fust quelque éternité,
Les monuments que je vous ay fait dire,
Non en papier, mais en marbre & porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.
Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu’Apollon m’a bien daigné donner,
Car si le temps ta gloire ne desrobbe,
Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D’avoir chanté, le premier des François,
L’antique honneur du peuple à longue robbe.
Bibliography
Bellay, Joachim Du. Les Antiquitez de Rome et Les Regrets. Lille, Geneve: Librarie Giard and Librarie Droz, 1947.
I chose all the background pictures for Les Antiquitez de Rome as symbolic representations. They do not belong to the period. The heading picture is from the seventeenth- to eighteenth-century gardens at Versailles. The fountain, constructed in 1677 by Gaspard Marsy, is based on a sketch by Louis XIV’s foremost painter and designer Charles le Brun. It depicts the fall of Enceladus, a giant from Greek and Roman mythology, buried under Mount Etna by the goddess Athena/Minerva. Etna’s eruptions were his breath, and the seismic activity, his movements under the mountain. In Versailles, a 25-ft fountain erupts from Enceladus’s mouth. This tragic depiction captures the drama and inevitability of time in Du Bellay’s work. In the section “Antiquity in General,” the overgrown seventeenth- to nineteenth-century gardens of the château of Bussy-Rabutin in Burgundy symbolize the crumbling of the past described by Du Bellay. Lastly, the illustration to the “Frivolity of Rome” is a seventeenth-century gilt door from Versailles, meant to show the splendor of Rome before it became a ruin, as Du Bellay paints it.